AVEC MARIJO Les S E Y ABBA S
AVEC MARIJO Les S E Y ABBA S E N N E I C R E T CIS de E C N E V O PR
« Nichées au plus secret de l'arrière-pays provençal, les trois sœurs cisterciennes s'offrent comme à regret au visiteur venu troubler la solitude de leur retraite. Elles incarnent une toute autre Provence que celle des plages, des calanques, des vergers et des cités majestueuses qui attirent les foules. Cette Provence est celle des vallons ombragés et de la pierre sauvage, des ruisseaux cachés et des sources mystiques. » (Avignon et Provence)
SENANQUE SILVACANE LE THORONET
Alors que les moines clunisiens étaient devenus de véritables seigneurs régnant sur plus de 1200 abbayes à travers l’Europe, quelques moines voulurent réformer en créant, à Cîteaux, une nouvelle abbaye bénédictine. Cependant, ce n’est qu’avec l’arrivée de saint Bernard de Cîteaux qu’un nouvel élan tenta, par la pauvreté, de rapprocher l‘Eglise de ses fidèles, engendrant la grande aventure culturelle et architecturale générant plusieurs centaines d’abbayes. En Provence, trois furent fondées, "les trois sœurs provençales" : le Thoronet, à quelques km du Luc, Sénanque près de Gordes, et Silvacane à la Roque d'Anthéron. Elles sont le reflet de ce renouveau de la vie monastique intervenu au XIIe siècle.
En haut, à gauche, Le Thoronet, à droite, Silvacane. En bas, Sénanque.
T E ON L R O H T E
En 1136, un groupe de moines quitta l’abbaye de Mazan, en Ardèche, pour fonder un nouveau monastère à Tourtour, puis, 15 ans plus tard, il s’installa au lieu actuel, dans un terrain boisé, entre le coude d’une petite rivière et une source. La construction commença en 1160 et se prolongea jusqu’en 1230. A ce moment, le monastère abritait une vingtaine de moines et une dizaine de frères convers. Le déclin survint moins de deux siècles plus tard et, en 1660, le prieur faisait part de la nécessité de restaurer les lieux. A la fin de ce siècle, on déplorait des fissures, l’effondrement des toitures, des portes rompues et des fenêtres délabrées. En 1790, sept moines âgés y vivaient encore…
Après la Révolution, la disparition de l’abbaye était fatale. Prosper Mérimée la sauva en la signalant à l’architecte des monuments historiques. La restauration débuta en 1841 et l’Etat acheta le site en 1854.
Désormais, l’abbaye du Thoronet accueille régulièrement des spectacles et concerts. Depuis 1991 les Rencontres de musique médiévale du Thoronet se déroulent au mois de juillet chaque année. Enfin, le dimanche 15 décembre 2019, eut lieu une première édition du grand marché de produits d’abbayes. Il devrait se renouveler annuellement, ceci afin de permettre de découvrir le savoir-faire des moniales et les moines des abbayes de Provence ainsi que les saveurs des produits fabriqués. Par ailleurs, ce haut lieu spirituel, historique et culturel, accueille désormais, tous les dimanches, pour une messe avec musique, les visiteurs venus de près ou de loin. Mais attention : les portes se ferment à 12 h 15 !
On y observe l’essence même des monuments cisterciens, faite de dénuement, de pureté de lignes, de simplicité des volumes. Dépourvue de tout décor sculpté, son harmonie repose sur le jeu des volumes architecturaux dans un style roman très géométrique.
Cette pureté et cette simplicité des volumes, sont essentiellement dictées par l'organisation de la vie communautaire et elles inspirèrent des générations d'architectes. Le Corbusier visita le site en 1953 et conclua : « À l'heure du "béton brut", bénie, bienvenue et saluée soit, au cours de la route, une telle admirable rencontre. » Pas de portail central car l’église n’était pas ouverte aux fidèles. A gauche, la porte des convers et à droite, celle des moines.
La nef est voûtée en berceau avec trois travées et le chœur se termine en cul-de-four. Trois fenêtres y symbolisent la Sainte Trinité. Les moines se tenaient debout ou à genoux, directement sur le sol. L’abbaye était l’une des plus conformes à l’esprit primitif de l’Ordre et cela se reflète jusque dans l’acoustique. Son écho, fortement prolongé, impose au chant un style particulier et une discipline en conséquence : les chanteurs doivent chanter lentement et à l’unisson. On peut imaginer les chants grégoriens d’antan s’élevant jusqu’à la voûte.
Par ce passage, on rejoint le cloître, cœur du monastère, faisant le lien entre l’église et les bâtiments de la vie communautaire.
L’épaisseur des murs où s’insèrent des arcades géminées, un simple oculus ajourant les tympans et des chapiteaux sans ou peu d’ornements, reflètent une complète austérité.
La fontaine, servant à la fois à la consommation d’eau et aux ablutions, était abritée dans cet édifice hexagonal dans la cour du cloître, face à la porte du réfectoire. .
Tous les matins, les moines se réunissaient dans cette salle capitulaire pour lire un chapitre de la règle de saint Benoît. Là se discutaient les questions matérielles, se décidait l’admission des novices, se faisait l’élection des abbés. Seule pièce qui ne servait pas à la prière, la salle capitulaire est déjà un peu influencée par l’art gothique avec quelques simples décorations des chapiteaux.
Dans le dortoir, devant chaque baie, dormait un moine. L’emplacement des paillasses était délimité par un dallage de pierre. Seul le père abbé jouissait d’une cellule individuelle.
Dans le cellier, on trouve des cuves à vin du XVIIIe siècle et ce pressoir à huile mû par un système à vis.
Le bâtiment des convers comprenait un réfectoire au rez-de-chaussée et un dortoir à l’étage.
Maquette présentant l’abbaye au temps de sa splendeur.
E N A C A V L I S
Dès 1144, des moines venus de l’abbaye de Morimond, fille de Cîteaux, s’installèrent en ce lieu appelé Silva Cana, forêt de roseaux. Les XIIe et XIIIe siècles marquèrent l'épanouissement spirituel et économique de Silvacane. Le déclin s'amorça à la fin du XIIIe siècle. L'invasion de l’Abbaye par les moines de Montmajour, la grande Peste, les discordes civiles, la guerre de Cent ans, l’affaiblissement des ordres monastiques (en partie lié à l’apparition de l’imprimerie, enlevant aux moines leur rôle de copistes) l’ébranlèrent. En 1455, elle fut rattachée à l’évêché d’Aix-en-Provence et devint église paroissiale de La Roque d'Anthéron lors de la création du village en 1513. Dès la fin du XVI e siècle, protestants et catholiques occupèrent successivement l'abbaye. Puis, désaffectée, spoliée de sa fonction religieuse, elle devint bientôt carrière de pierre.
Déclarée bien national à la Révolution, l'abbaye fut transformée en exploitation agricole. L'église fut rachetée par l'Etat en 1846 et restaurée par Revoil puis Formigé, architectes des Monuments Historiques. Tout l'ensemble, classé Monument historique, fut ensuite acquis par l'Etat en 1945. Des campagnes de fouilles réalisées entre 1952 et 1998 ont permis de retrouver l'emplacement des bâtiments annexes et d'entreprendre la restauration des salles de l‘abbaye, actuellement ouvertes à la visite. Depuis janvier 2008, elle est propriété de la commune de La Roque d'Anthéron. Elle accueille chaque année quelques prestigieux concerts du célèbre festival de piano de la Roque-d'Anthéron et du festival international de quatuors à cordes du Luberon.
Implantation générale des bâtiments et construction principale.
Entre Luberon et chaîne des Côtes, sur la rive gauche de la Durance, se dresse cette abbaye.
Très sombre lors de ma première visite, elle offre une architecture en parfaite harmonie avec les règles prônées par saint Benoît et l'ordre de Cîteaux, simple, austère, rigoureuse, fonctionnelle et dépouillée de tous les ornements pouvant détourner le moine de sa prière.
Les voûtes en berceau brisé descendent jusqu’aux arcades médianes, assurant une acoustique incomparable. Elles sont soutenues par de puissants arcs doubleaux prenant appui sur d'imposants piliers cruciformes. Cette église abbatiale présente un chevet carré très sobre, percé d'une grande rosace et d'un triplet constitué de deux baies en plein cintre qui encadrent la troisième, plus élevée. Cela se veut symbole de la Sainte Trinité
La croisée du transept est couverte d'une croisée d'ogives mais on retrouve la voûte en berceau brisé au niveau du chœur.
Dans le bras nord du transept de l’église, un escalier permet d’accéder au dortoir, seule pièce située à l’étage. Dans cette vaste salle voûtée en berceau brisé, les moines dormaient sur de simples paillasses reposant directement sur le sol.
Comme l'église, le cloître combine des éléments stylistiques romans et gothiques. . Cœur de l’Abbaye, il est formé de quatre galeries voûtées en berceau et il est entouré par les bâtiments conventuels traditionnels.
Les galeries présentent une voûte en berceau et sont percées de baies en plein cintre. Chacune de ces baies abritait initialement une paire de baies ogivales séparées par d'élégantes colonnettes et surmontées d'un oculus mais ces baies ogivales ont été détruites presque partout L’arcade de la galerie nord est la seule ayant conservé ses attributs.
Un lavabo se dresse devant la porte menant à l'aile nord du cloître et au réfectoire. Il permettait aux moines de se purifier les mains avant de toucher le pain, symbole sacré. Ce lavabo en pierre, est orné d'anneaux et de colonnettes supportant des arcatures trilobées.
La Salle capitulaire date du XIIIe siècle. Elle présente des voûtes gothiques, sur croisées d’ogives. Le sol plus bas que celui du cloître accentue l’intimité du lieu.
Faisant le tour par l’extérieur, on remarque bien l’aspect carré du chevet de l’église. A droite, on arrive à l’emplacement du cimetière de l’abbaye.
SÉN E U Q N A
L’Abbaye Notre-Dame de Se nanque fut fonde e le 9 des calendes de Juillet 1148, le 23 Juin, par l’évêque de Cavaillon, Alphant. Elle fut terminée apre s Le Thoronet et Silvacane. Le chantier s’acheva en 1220 après 60 ans de travaux. Grâce aux donations de grandes familles, l’Abbaye prospéra rapidement. Aux XIIIe et XIVe siècles, elle accrut considérablement son domaine, son pouvoir et son influence. Sa situation se dégrada au début du XVe siècle : en une période de troubles et de violences, son patrimoine ne put être conservé, ses subsides s’effondrèrent et les vocations se tarirent. La communauté ne comptait plus que trois frères en 1439. En 1544, attaquée par un groupe de Vaudois, elle fut en partie détruite. Le dernier moine mourut en 1781 et le prieur du Thoronet en devint administrateur. A la Révolution, elle fut vendue comme bien national pour 28 000 francs.
Afin de protéger Sénanque, le nouveau propriétaire prit soin d’ôter tout ce qui revêtait un caractère trop religieux pour l’époque : il fit retirer la croix couronnant l’église, enleva les trois cloches et fit marteler les armoiries du logis abbatial.
En 1854, une communauté de frères revint à l’abbaye, le propriétaire acceptant de céder son bien. D’importants travaux de restauration furent entrepris. De nouveaux édifices virent le jour : un noviciat, des bâtiments avec ateliers, une hôtellerie. Grâce à de nombreuses vocations, la communauté abrita rapidement 72 moines. Cependant, en 1880, les gendarmes les chassèrent en vertu de la nouvelle loi contre les congrégations religieuses. Trois furent autorisés à rester à Sénanque sous condition de reprendre l’habit séculier. Et, en 1882, l’abbaye fut à nouveau vendue comme bien national pour 15 000 francs. De retour en 1889, les moines furent encore chassés en 1903, l’abbaye vendue en 1905 à un rentier de Cavaillon. Le 17 mars 1921, l’Etat imposa au propriétaire le classement Monument Historique des parties les plus anciennes de l’abbaye. En mai 1926, une douzaine de moines s’installa de nouveau à Sénanque. Le bien fut racheté. Crosse du XIIIe siècle retrouvée dans l’église.
Enserrée depuis le XIIe siècle dans le creux de son vallon provençal, cette abbaye est l’un des plus purs témoignages de l’architecture cistercienne primitive. Toutefois, en 1969, il ne restait que 3 moines et ils se retirèrent à Lérins.
L’abbé de Lérins décida de louer momentanément l’abbaye de Sénanque à la société Berliet, celle-ci s’engageant, durant un bail emphytéotique, à restaurer les bâtiments. Enfin, en octobre 1988, même si ce bail était loin d’être à terme, avec grandeur et générosité, Paul Berliet remit l’abbaye et une communauté de moines cisterciens venus de Lérins se réinstalla à Sénanque. Actuellement, la communauté vit du travail des frères : culture du lavandin, oliveraie, rucher, visites de l’abbaye, hôtellerie et boutique monastique. Traversant ce champ de lavandin, nous allons découvrir cette abbaye dont l’approche est si belle en juillet, au moment de la floraison.
Comme il y a près de mille ans, la communauté de frères cisterciens vit selon la Règle de saint Benoît. Elle partage harmonieusement sa vie entre prières, « lectio divina » et travail. Sept fois par jour, elle se rassemble dans l’église abbatiale pour prier.
L’église a conservé les dimensions importantes de la période de l’âge d’or de l’abbaye…
Contournant l’abside de l’église, nous en admirons la puissance. A droite, la partie conventuelle.
Cette architecture cistercienne se caractérise encore par des bâtiments d’une grande pureté de lignes, l'économie des matériaux et la simplicité du plan d'ensemble. Pour pénétrer dans l’église abbatiale, juste une petite porte…
L’aspect est dépouillé et, en général, monochrome…
Il est possible d’assister à des offices.
Le cloître du monastère, symbole de cet édifice, était le cœur de nombreuses activités. C’était un lieu de travail mais aussi celui où se déroulaient grand nombre des cérémonies. Les jours de grande fête la communauté faisait procession autour du cloître, moines revêtus de leur tunique blanche, avec seulement le scapulaire noir qui tranchait sur leur tenue.
On peut s’étonner qu’à Sénanque, en son cœur, l’ornementation sculptée, proscrite si fermement en ce siècle où fut construit le monastère, soit présente sur les chapiteaux de toutes les colonnes et sur tous les piliers. La décoration est cependant constituée principalement de feuilles plates ou feuilles d’eau, forme la plus simplifiée et la plus géométrisée de la feuille d’acanthe.
Comme dans toutes les abbayes, la salle capitulaire est le lieu de rencontre de la communauté. Anciennement, les convers pouvaient assister aux assemblées les dimanches et fêtes et lors de certaines annonces concernant les moines dans leur ensemble.
Elle s’ouvre largement sur le cloître. On y fait le prêche des sermons, les annonces et proclamations communiquées par l’évêque ou le pape. On y reçoit également les hôtes de marque.
A Sénanque, seules deux salles disposaient d’une cheminée : la cuisine et la salle des moines, renommée chauffoir. Les moines pouvaient venir s’y réchauffer quelques instants dans la journée et y tenir des activités comme le raccommodage, la lecture ou encore la saignée…
L’ancien dortoir des moines. Là aussi, ils dormaient sur une simple paillasse.
Le monastère actuel
Sénanque, lorsqu’elle m’apparaît dans son vallon au milieu de la floraison de lavandin, me semble toujours un lieu magique… C’est donc avec cette image que je veux terminer cette présentation !
Trame musicale : Laudes Antiquae Chœur de la chapelle papale Saint-François d’Assise Sources d’information : Information sur place et divers sites. Photos sauf mention contraire, conception et réalisation : M. - J. Farizy-Chaussé Mai 2020 marijo 855@gmail. com D’autres diaporamas sur : http: //famille 3. morhain. net/category/marie-jo/ http: //www. pps-images-photos. com/createurs/marijo. html http: //www. imagileonation. com/marie-jo. ws
R I O V E R AU
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