Association VIVRE ENSEMBLE 30me Spectacle Historique Son et
Association « VIVRE ENSEMBLE » 30ème Spectacle Historique Son et Lumière Brebotte, jeudi 21, vendredi 22, samedi 23 juillet 2016 à 22 h Grandvillars Jeudi 21, vendredi 22 et samedi 23 juillet 2016 22 heures
Résumé de l’histoire « De la flamme des maitres de forges » • • • C’est l’histoire d’une fillette de la forêt qui rencontre un jeune garçon. Leurs chemins se sont croisés avec le seigneur, car ce jour là, le loup s’attaque à l’enfant. Le Seigneur l’en délivre, soigne ses blessures et le fait travailler plus tard dans ses usines. Fils de paysan, puis ouvrier, il devient le bras droit du maitre de forges. Quelques années plus tard, un autre jeune homme, descendant du jeune garçon jadis sauvé des crocs du loup, vient à son tour en aide à la fille du marquis de Pra. Peseux, pendant les sombres heures de la révolution. Car qui sommes-nous vraiment ? Enfant de la forêt ? Enfant de seigneur ou de marquis ? Enfant de l’usine ? Nous sommes tous devenus, de près ou de loin, des enfants nés « de la flamme des maitres de forges » . Nous partageons un destin commun, celui de faire vivre ensemble une industrie du fer ancestrale. Nous sommes tous encore en vie, car chacun de nous, de générations en générations, nous sommes engagés à veiller l’un sur l’autre, à défendre dans un même esprit notre nation et notre culture commune, celle qui est née dans cette vallée de la rivière l’Allaine, berceau du fil de fer. Et pendant de longues années, cette union sacrée restera comme une flamme allumée auprès de ce château, car c’est ici que nous avons, depuis des siècles, rendez -vous avec notre histoire. Et si moi Charles VIELLARD, je suis encore en vie, c’est peut-être aussi grâce à mon retour à l’usine, ce jour de 1917.
Tableau intro : Le repli d’une usine en 1917 En 1914, notre usine Viellard Migeon et Compagnie délaisse ses produits d’avant guerre, pour répondre aux besoins de la défense du pays. C’est toute l’entreprise qui augmente ses productions, sous la pression des autorités militaires. Il s’agit de fabriquer du fil de fer, des gaines et des têtes d’obus, puis des vis et des boulons pour les baraquements, les caisses de munition, l’artillerie et même pour l’aviation. Les usines tournent jour et nuit et tout le personnel en fait partie, femmes, gamines et gamins de 14 ans. Les ouvriers travaillent 10 heures et demie par jour, 12 heures pour l’équipe de nuit. ********** En 1917, l’état major des armées exige pour notre usine une solution de repli, la voyant trop proche des frontières du conflit. On demande d’éloigner une partie des fabrications à Blain, à côté de Nantes. Mais les deux gérants de l’époque, Jean MAÎTRE et Albert VIELLARD, n’ont pas le temps de s’occuper de ce projet. Ils obtiennent alors ma mise en congé pour 3 mois renouvelables. Je suis Charles VIELLARD, je suis lieutenant d’artillerie.
Tableau intro : « Prière à Dieu » de Voltaire « Ce n’est plus donc aux hommes que je m’adresse, c’est à toi Dieu de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures […]imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose , à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachés à leur nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous a point donné un cœur pour nous haïr et des mains pour nous égorger : fais que nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, […]; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil […] que ceux qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal , jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir. Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langage divers, […] ta bonté qui nous a donné cet instant » . Je suis Charles VIELLARD, de retour de cette guerre interminable. Les paroles de Voltaire résonnent en mon âme. Pour ma famille, pour mon pays, je vais continuer à écrire l’histoire des gens d’ici et de leur industrie, car si je suis encore en vie, c’est peut-être aussi grâce à mon retour à l’usine, ce jour de 1917.
Tableau 1 : Tisserands, cordiers et vanniers De tous temps, à l’image de la famille Bandelier, des Seigneurs, Marquis et Maîtres de forges, chacun a su venir en aide l’autre. Depuis la nuit des temps, que ce soit pour combler un manque, où par plaisir de créer ensemble, chacun par son travail vient en aide à l’autre et s’illustre par la qualité première de l’été humain : la tolérance. Je me souviens des histoires contées par mon grand père Juvénal VIELLARD, et je revois comme dans un rêve et bien en vie, cette famille BANDELIER de Grandvillars rejoindre les tisserands, les cordiers et les vanniers. Le deuxième mardi du mois de février, puis de mars, avril, mai, septembre et novembre ce sont les foires de l’année. C’est là qu’ils viennent de partout vendre, mais aussi rencontrer les gens de ce pays de Grandvillars. Draps, chemises, vêtements d’été sont l’œuvre des tisserands. Ils transforment en « toile de ménage » le fil de chanvre, que les femmes ont patiemment fabriqué en rouet durant les veillées d’hiver. Adieu les gailles et autres tacons, place à la verquelure, cette étoffe de fil quadrillé de raies rouges sur fond blanc en pays catholique ou bleues sur fond blanc en pays protestant. A chacun de choisir ses couleurs. Pas question de rester une minute de plus aussi mal gaupé. Les cordiers eux, utilisent aussi le chanvre. Quelques chevalets sont disposés avec pour le premier un grande roue de bois. Le cordier avec un paquet de chanvre à la ceinture, marche lentement à reculons, la corde dans une main, du chanvre dans l’autre. Les paniers et les corbeilles sont l’œuvre des vanniers, l’un des plus anciens métiers de Grandvillars, tant la vallée humide de la rivière de l’Allaine fournit de saules, joncs et autres roseaux. Et pour aider la famille BANDELIER, on est prêt à lui proposer le plus gros des paniers de la contrée.
Tableau 2 : Le moulin de Gaspard BARBAUD Peu à peu, Grandvillars accorde une grande place à son usine du moulin à eau. Au tout début, elle est la propriété du seigneur, qui détient la rivière. Tous les paysans doivent y faire moudre le grain. Sa grande roue à palettes de bois entraine des meules de pierre, sous lesquelles est broyé le grain. Sous l’œil du meunier, ce lieu devient un lieu de rencontre du monde paysan. La famille BANDELIER est là. Le village dépend de longues dates de la maison d’Autriche, mais la contrée va connaitre une terrible guerre de 30 ans. La guerre des suédois terminée, notre village revient au royaume de France et c’est alors qu’arrive à Grandvillars Gaspard BARBAUD. Le 16 juillet 1672, il a acheté au roi de France Louis XIV, les seigneuries de Grandvillars et de Florimont pour la somme de 30 000 florins. De souche roturière, Gaspard BARBAUD est devenu protestant comme la plupart des sujets des princes de Montbéliard. Il a travaillé aux forges d’Audincourt et est devenu contremaitre puis directeur de l’usine. Lui et son épouse Anne DESCHAMPS arrivent à Grandvillars, avec leurs huit enfants. Surtout du haut de ses 47 ans, Gaspard BARBAUD est devenu l’un des premiers maîtres de forges de Haute Alsace. Il est accueilli comme il se doit, par une fête au village.
Tableau 3 : La forge, la forêt et le loup En 1675, Gaspard BARBAUD est anobli par le Roi de France. Cette même année, il décide de donner naissance à la forge de Grandvillars pour y travailler le fer « sa majesté par des lettres de patentes ayant concédé au Seigneur de Florimont, le droit et privilège d’établir fourneau, forges et martinets dans sa terre » . Le minerai est transformé en fonte à Florimont sous forme de gueuses pouvant atteindre 50 Kilos. On trouve ce minerai en petits grains dans la terre ou dans la roche de la seigneurie. Ils sont ensuite fondus dans des fourneaux, dont on voit au loin les tours de briques. On y déverse par couche le charbon de bois et le minerai et après plusieurs jours de combustion, le métal en fusion est récupéré dans de grands moules de sable réfractaire. Ainsi sont fabriquées les gueuses de fonte. Elles seront ensuite affinées et transformées en fer dans les forges : Dans le premier atelier, Joseph réchauffe à 1400 degrés les gueuses de fonte. Dans le second, par martelage, François les purge du carbone et des impuretés. Il obtient ainsi des plaques de fer doux débitées en tiges carrées, allongées ensuite sous les coups du martinet. Gaspard BARBAUD a fait creuser un canal, pour actionner des roues à palettes faisant marcher ses marteaux et souffleries des fours. Il transmet sa passion à des hommes chargés de transformer les gueuses de fontes en barres de fer. Cette industrie trouve de bons clients dans les armées en campagnes. Les rares forges de la région tournent à plein régime. ********************** Tous les jours que Dieu fait, l’usine de la forge réclame une quantité énorme de bois. Le travail du fer est le privilège des grands propriétaires forestiers. Gaspard BARBAUD possède la forêt LACHAT et une partie du bois de la TRUCHE. Ce jour là, il rencontre pour la première fois Justine, la fillette de la forêt et un jeune garçon nommé Eugène BANDELIER, poursuivi par le loup.
Tableau 4 : Au cœur de l’hiver Quelques années plus tard, le vieux Seigneur a fait donation de ses terres à ses deux fils : Nicolas BARBAUD a reçu la seigneurie de Grandvillars, tandis qu’Etienne détient celle de Florimont. Dans la forêt seigneuriale ils viennent tous le trois à la rencontre de la famille qui fournit le charbon de bois. Justine, la fille de la forêt a grandit. Elle est à l’ouvrage, au cœur de l’hiver. De 1687 à 1705 ce sont les grands travaux de Sébastien le Prestre de VAUBAN, pour les fortifications de Belfort. La population de Grandvillars se plaint d’être écrasée de réquisitions et de corvées. Ce jour là, Gaspard BARBAUD reconnait le jeune garçon qu’il avait sauvé quelques années plus tôt des crocs du loup. Celui qui en aura survécu deviendra l’un des meilleurs ouvriers de forges, à n’en pas douter. Entrer à l’usine où être réquisitionné pour les travaux du château de Belfort ? Le jeune Eugène BANDELIER a choisi. Il a une dette envers le seigneur Gaspard BARBAUD. L’histoire nous montrera qu’il l’honorera dignement. ********** Mais le 31 mars 1694, le vieux Seigneur Gaspard BARBAUD meurt au château de Grandvillars à l’âge de 81 ans. La seigneurie et la forge deviennent propriété de son fils Nicolas. Ce dernier est incapable de rétablir les finances, malgré de nombreux emprunts et la seigneurie se meurt à son tour. Nicolas BARBAUD trépasse peu de temps après son père et aussitôt la seigneurie est mise en vente. L’abbé FOUCHARD décide de faire construire une église pour les 450 habitants du bourg de Grandvillars et les quelques familles ouvrières, dont celle de Justine et Eugène BANDELIER unis pour la vie.
Tableau 5 : Jean Pierre François de la Basinière – « Vive le Roi » Après enchères et surenchères, c’est en 1708 que la seigneurie et les forges, sont adjugées pour 99 000 livres à la famille de la Basinière qui s’installe au château. Jouissance de l’usine est donnée aux sieurs Anthès et Goll, autorisés à « tirer des mines et établir des lavoirs sur les terres de Grandvillars, à condition de dédommager les propriétaires des terrains, selon l’usage des forges » . Eugène BANDELIER et les ouvriers de l’usine ont retrouvé le travail qu’il leur manquait. Le 1 er septembre 1715 à la mort du roi Louis 14 , c’est le duc Philippe d’Orléans qui dirige le pays en attendant la majorité du Roi Louis 15, alors âgé de 5 ans. Quoique les années leur réservent, la famille de la Basinière trouve l’aide d’un nouveau fermier pour faire prospérer l’usine. Dès 1731, ils rencontrent Charles FLEUR maitre de forges. Selon les termes du bail, il doit s’acquitter d’un loyer de 800 livres par an, de deux bottes de fil de fer et de 4 paquets de bandes à roues. Fils de paysan, puis ouvrier de la forge, Eugène BANDELIER est devenu le bras droit du nouveau maitre de forges. Cette formidable année 1731 pour Jean-Pierre François de la BASINIERE est celle de la naissance de sa fille Jeanne Octavie. Eugène et Justine BANDELIER voient naître leur troisième enfant. Les jours de baptêmes viennent à sonner.
Tableau 6 : De 15 à 30 ouvriers Les enfants d’ouvriers comme les BANDELIER sont bercés depuis leur plus jeune âge par le mouvement de cette grand famille qui travaille le fer. Ils grandissent au cœur de l’usine et avec eux, leurs idées nouvelles, pour qu’un jour le plus ingénieux d’entre eux, parvienne à faire fonctionner une tirerie de fil de fer. En 1732, Jean Pierre François de la Basinière dépose auprès du roi Louis 15 une requête : « La manufacture est la seule de cette espèce qu’il y ait dans le royaume ; que les fils de fer qui s’y fabriquent sont de la meilleure qualité, mais que les droits qui se perçoivent à leur entrée […] dans les provinces du royaume, ne lui permettant pas de les rendre en concurrence avec les suisses qui jouissent de l’exemption des droits des Fermes sur cette espèce de marchandise. […] Si sa majesté avait bonté d’accorder, en faveur des fils de fer de sa manufacture, la même exemption […]qu’au moyen de cette grâce, il serait en état d’augmenter la fabrication de sa manufacture, et d’y entretenir continuellement trente ouvriers au lieu de quinze, et même de fournir les quantités de fil de fer nécessaires pour la consommation du royaume […] » . Et quelques temps plus tard arrive la réponse du roi de France. « Le roi en son conseil a ordonné et ordonne qu’à l’avenir les fils de fer de la manufacture du sieur de Grandvillars […] seront et demeureront exempts de tous péages, […] qu’ils seront mis dans des futailles marquées d’une marque de feu du dit seigneur de Grandvillars. Le roi a ordonné qu’au lieu de 15 ouvriers, il en serait entretenu 30. » Une telle usine ne vaut pas par ses bâtiments , ni même son domaine forestier; Sa valeur tient au privilège qui la font exister, c’est-à-dire l’autorisation royale. Eugène BANDELIER voit arriver une floppée de nouveaux ouvriers, à l’usine de Grandvillars. Le maitre de forges Charles FLEUR fait bâtir tous les magasins, logements tels qu’ils sont nécessaires. Il fait construire de maçonnerie, avec couverture de tuiles et fait enclore d’une muraille tous lesdits bâtiments, en manière d’une cour, avec les portes pour le passage des voitures, tant de l’usine que celles de la seigneurie. Bientôt la forge de Grandvillars alimente en barres de fer l’autre usine de la seigneurie de Jean Pierre François de la Basinière : la tirerie de Morvillars. La manufacture unique en son genre fait des émules. Et nombreux sont ceux qui s’intéressent à la fabrication du fil de fer. Charles FLEUR est secondé par ses deux fils, dont l’un d’eux envisage de faire évoluer les activités de Grandvillars vers la production de nouveaux produits, comme le fil de fer et ses dérivés. Grâce à ses connaissances acquises en Suisse et en Allemagne, il imprime une dynamique nouvelle à l’affaire de la famille.
Tableau 7 : Jeanne Octavie Pra de Peseux Eugène BANDELIER est devenu ce vieux monsieur de 88 ans. Aux enfants de Grandvillars, il aime conter lui aussi son histoire, celle de sa rencontre avec le loup et surtout avec le Seigneur Gaspard BARBAUD. Il y a autour d’Eugène son petit fils et son petit-petit fils, Paul, qui viendra bien plus tard payer la dette de la famille BANDELIER, envers tous les seigneurs qui leur sont venus en aide. Car au Château, Jeanne Octavie de la Basinière, remplace les seigneurs qu’Eugène BANDELIER a jadis connu. Elle a épousé Louis Marie Antide de PRA-PESEUX , chevalier de Saint Louis, Capitaine au régiment de cavalerie et Gouverneur Maire de Langres. A la mort de son père, Jean Pierre François de la BASINIERE, en cette triste année 1758, elle hérite de la seigneurie de Grandvillars, alors que sa sœur hérite de celle de Morvillars. C’est la fin de l’unicité et du développement harmonieux des deux usines, car sa sœur cède ses terres et la tirerie de fil de fer, à François Bernardin NOBLAT qui devient le nouveau propriétaire de l’usine de Morvillars. Cet homme va opposer à la famille de PRA-PESEUX, une féroce rivalité. François Bernardin NOBLAT est un homme de grands détails et surtout connu pour son goût immodéré de l’argent. Les rapports s’enveniment avec la Duchesse de Mazarin, propriétaire des forges de Belfort et avec le marquis de Pra Peseux à la tête des établissements de Grandvillars. A Morvillars, le sieur NOBLAT prend sur lui de changer la tirerie de fil de fer et de la convertir en forge. A Grandvillars, le marquis de PRA-PESEUX fait alors le choix de dénoncer cette contravention et demande la destruction de la forge de Morvillars avec l’appui de la duchesse de Mazarin. Les affaires en justice trainent, mais la débauche d’ouvriers, les détournements de marchés, et les effractions nocturnes ne sont pas rares. Et lorsque la nuit une poignée d’ouvriers de Morvillars vient rodailler aux usines de Grandvillars, l’alerte est aussitôt donnée. Dans la famille BANDELIER personne n’a la frousse. Avec quelques amis et ouvriers de Grandvillars ils sont bien décidés à leur donner une bonne taugnée.
Tableau 8 : Le siècle des lumières Le 11 février 1778, les propriétaires des terres de Grandvillars, Jeanne Octavie de la Basinière et son époux louis Marie Antide de PRA-PESEUX, afferment les forges à Sieur DONAT LAURENT pour 36 années. Charge à lui de construire une tirerie de fil de fer de 21 tenailles avec 9 tourniquets. Le site de Grandvillars est entre les mains d’un homme de confiance, avisé et entreprenant. Projet de construction, garantie financière du bailleur, longueur du fermage tout concourt à assurer un avenir solide à l’usine de Grandvillars. • Parmi les 7 enfants nés au château, sont venus au monde illuminer la vie de leurs parents, Claude Charles, puis deux années plus tard sa sœur, Marie Claire de PRA-PESEUX. Le siècle des lumières est en marche, et Claude Charles PRA-PESEUX se passionne avec sa sœur, pour les planches de l’Encyclopédie de Diderot achevée depuis 1772. Le petit Paul BANDELIER lui a 14 ans. • Lorsque Louis Marie Antide de Pra-Peseux et son épouse Jeanne Octavie rendent leur âme à Dieu, leur testament cède jouissance des propriétés dont la terre de Grandvillars à leur fille Marie Claire de PRA-PESEUX. Claude Charles est placé à l’école royale militaire et devient lieutenant au régiment de chasseurs à cheval des trois évêchés. Mais à la veille de la révolution, Claude Charles, marquis de PRA-PESEUX émigre en Suisse. Sa sœur Marie Claire reste seule au château. •
Tableau 9 : De la révolution à la naissance du Château Dans les campagnes en ces temps de révolution, une majorité de cahiers de doléances réclame la suppression pure et simple des forges. L’usine a une mauvaise image auprès d’une partie du peuple. Les arbres de la forêt a peine grandis doivent être coupés. Certes l’industrie dégrade la forêt, mais procure du travail aux ouvriers de forges, aux voituriers aux charbonniers et aux bûcherons. Même si le travail est dur, les ouvriers se serrent les coudes et encore plus fort lorsque l’usine est en danger. Dans la nuit du 4 août 1789 est décrétée l’abolition des privilèges. Ce soir là, une poignée d’ouvriers vient en aide à Marie Claire de PRA-PESEUX, qui tient tête aux révolutionnaires. Elle leur fait savoir à coup de mornifles combien les forges et usines de Grandvillars, la forêt du bois LACHAT, sont sa propriété. C’est à ce moment là que Paul BANDELIER honore sa famille, en sauvant la vie de la jeune Marie Claire de PRA-PESEUX. Le 26 août 1789 est proclamée la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Marie Claire de PRA-PESEUX a demandé le maintien de la jouissance de ses biens. Elle reçoit au château, celui qui est resté son fidèle maitre de la forges. Sieur DONAT LAURENT vient toquer à la porte. Rien ni personne ne lui aura fait renoncer, ni même à ce projet de construction du château KLEBER, du nom de son architecte de Belfort qui deviendra cet illustre général de l’armée de Napoléon Bonaparte. Et quelques temps plus tard en 1791, en cette année de la mort de Wolfgang AMADEUS MOZART, à la veille de l’an un de la république, le château KLEBER est enfin achevé.
Tableau 10 : Ni seigneur, ni marquis : simple maîtres de forges Dès 1792, la conciergerie de Grandvillars sert d’annexe à l’usine du château. Le maitre de forges sieur DONAT LAURENT est inscrit au club des jacobins de Delle et en est un des principaux orateurs. Il fait même forger des piques pour la défense de la nation*. Lorsqu’en 1795 un arrêt autorise Marie Claire de PRA-PESEUX à se mettre en jouissance de ses propriétés, elle décide de vendre à François GIRARDIN les forges, usines dépendances moulin, maison et sa forêt de Grandvillars. La famille BANDELIER ce soir là mange des floutes pour le souper. En 1801, à la mort de son vieux maitre de forges sieur DONAT LAURENT, la direction des forges restera vacante durant trois longues années. François GIRARDIN se décide alors à vendre en 1805 l’ensemble des usines de Grandvillars, à Jean-Baptiste MIGEON. Cet homme fait déjà prospérer depuis 1796 les forges de Morvillars. La vente comprend, une maison, le château neuf avec jardin, verger, un moulin, les forges usines et dépendances. L’idée d’un pôle métallurgique d’envergure commence à prendre forme. Jean. Baptiste MIGEON acquiert une tréfilerie à tenailles où l’on fabrique 35 tonnes de fil de fer par an. En quelques années, Jean-Baptiste MIGEON, ni seigneur, ni marquis, devient le nouveau maîtres de forges et propriétaire de l’usine de Grandvillars. Proche de ses ouvriers, il vient gouter le fameux Touètché de Grandvillars.
Tableau 11 : Le 24 juillet 1808 alors que la population de Grandvillars approche les 800 habitants, le marquis Claude Charles de Pra-Peseux rentre d’émigration sans aucune ressource. Jean-Baptiste MIGEON lui remet 15 600 livres à titre de dédommagement, considérant avoir réalisé une excellente affaire quelques années plus tôt. En contre partie, l’ancien seigneur de Grandvillars lui délivre la promesse d’une ratification de vente sous le regard de sa sœur Marie Claire de Pra-Peseux : « je reconnais avoir eu de Monsieur Jean-Baptiste MIGEON la somme de 12 000 francs pour rectifier l’acte de vente des usines de Grandvillars et dépendances […] J’ai en outre reçu […] une autre somme de 3 600 livres dont je me trouve pleinement satisfait. Je lui donne par les présentes ratifications de la vente des forges, usines et dépendances, que lui a passé Monsieur François GIRARDIN et promet de la confirmer authentiquement si les circonstances l’exigent. » Vingt ans plus tard, Jean- Baptiste MIGEON installe tout près du château KLEBER désormais inhabité, une usine de vis à bois. Elle fonctionne avec les deux autres usines , celle du moulin et celle de la forge. L’usine de la forge fonctionne grâce à six roues à aubes. Paul BANDELIER, comme ses ascendants est devenu à son tour l’homme de confiance du maitre de forges.
Tableau 12 : Le Mariage Qui aurait pu prévoir que tout cet héritage des maîtres de forges puisse trouver son aboutissement grâce à l’union d’une femme et d’un homme ? Qui aurait pu écrire que cette histoire commence et se termine par le plus beau des mariages ? Un seul Homme peut-être, Jean-Baptiste MIGEON ce nom qui résonne encore aujourd’hui. Le 20 décembre 1835, il unit sa fille Laure à mon grand père Juvénal VIELLARD, qu’il apprécie autant pour ses qualités d’homme que d’industriel rigoureux. Grandvillars compte près de 1300 habitants, heureux de voir arriver la naissance prochaine de la société VIELLARD MIGEON et de plusieurs générations de dirigeants d’industries, descendants des maitres de forges. Tout comme l’église de Grandvillars devenue trop petite et en partie démolie pour accueillir 3 fois plus de villageois, ce sont les usines qui se développent à Grandvillars, Morvillars et Méziré et pour qui les produits de visserie promettent un bel avenir. Sous le regard réjoui de cette grande famille, la descendance des BANDELIER de Grandvillars ouvre en grand la porte du château pour qu’apparaisse enfin, Laure MIGEON au bras de son père. Le temps est venu de fêter le mariage de Laure MIGEON et de Juvénal VIELLARD.
Salut final Je suis Charles VIELLARD et je vous ai conté l’histoire des gens de ce pays, mon histoire, votre histoire, notre histoire. Car qui sommes-nous vraiment ? Enfant de la forêt ? Enfant de seigneur ou de marquis ? Enfant de l’usine ? Nous sommes tous devenus, de près ou de loin, des enfants nés « de la flamme des maitres de forges » . Nous partageons un destin commun, celui de faire vivre, ensemble, une industrie du fer ancestrale. Nous sommes tous encore en vie, car chacun de nous, de générations en générations, nous sommes engagés à veiller l’un sur l’autre, à défendre dans un même esprit notre nation et notre culture commune, celle qui est née dans cette vallée de la rivière l’Allaine, berceau du fil de fer. Et pendant de longues années, cette union sacrée restera comme une flamme allumée auprès de ce château, car c’est ici que nous avons, depuis des siècles, rendez-vous avec notre histoire.
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