APPROCHE EPIDEMIOLOGIQUE DES RISQUES PSYCHOSOCIAUX DANS UNE ENTREPRISE

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APPROCHE EPIDEMIOLOGIQUE DES RISQUES PSYCHOSOCIAUX DANS UNE ENTREPRISE DE PACKAGING EN SIDERURGIE TRAVAIL ET

APPROCHE EPIDEMIOLOGIQUE DES RISQUES PSYCHOSOCIAUX DANS UNE ENTREPRISE DE PACKAGING EN SIDERURGIE TRAVAIL ET SANTE MENTALE Société de Psychiatrie de l’Est 19 mars 2011 F. François, F. Hérin, H. Vanoni-Espiand, C. Paris

CONTEXTE • • • Profondes transformations de l’organisation du travail et des modes de

CONTEXTE • • • Profondes transformations de l’organisation du travail et des modes de gestion ces dernières années Émergence de risques nouveaux dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail : les risques psychosociaux Importance grandissante du stress au travail : – 2 ième problème de santé au travail déclaré (4 ième enquête de Dublin de la Fondation Européenne pour l’Amélioration des Conditions de Vie et de Travail) • Conséquences pour la santé des salariés : – Santé physique – Santé psychique : syndromes dépressifs, troubles anxieux, «burn out » , suicides • • Mais aussi répercutions organisationnelles et économiques pour les entreprises Interrogation du CHSCT de l’entreprise de Packaging en sidérurgie, quant à l’évaluation de ses risques au sein de l’entreprise

METHODOLOGIE : Objectifs et mise en place de l’étude • Objectifs : – Évaluation

METHODOLOGIE : Objectifs et mise en place de l’étude • Objectifs : – Évaluation des risques psychosociaux au sein de l’entreprise – Élaboration d’un plan d’action avec éléments de prévention éventuels • • Création d’un groupe de travail par le CHSCT Sollicitation du LEST (Laboratoire Epidémiologique en Santé au Travail) par le médecin du travail du secteur Packaging, en 2007 – Mise en place d’une enquête transversale descriptive • Date de déroulement de l’enquête : du 2 mai 2007 au 31 octobre 2008 • Critères d’inclusion : – Salariés du secteur Packaging – Avec une ancienneté minimale de 12 mois au sein de l’entreprise

METHODOLOGIE : Choix des questionnaires • • • Choisis et validés par le groupe

METHODOLOGIE : Choix des questionnaires • • • Choisis et validés par le groupe de travail Proposés aux salariés lors de la première visite médicale au cours de la période de l’étude Questionnaire salarié : 3 auto-questionnaires remplis en salle d‘attente – Questionnaire de Karasek – Questionnaire de Siegrist – EVA des niveaux de stress personnel, professionnel et global (Jarzuel, 2000) • Questionnaire rempli par le médecin : – Données socio-professionnelles : statut (cadres/ouvriers et techniciens), secteur (UP/US) et horaires (journée/posté) – Questionnaire médical : Plaintes neuro • Données médicales générales psychiques : • Partie « État de santé » du questionnaire EVREST : 8 items retenus dont fatigue, anxiété et – EVA de stress remplis par le médecin à l’issue de la consultation troubles du sommeil

RESULTATS : Participation et données socio-professionnelles Hommes Femmes n % Ouvriers et techniciens 477

RESULTATS : Participation et données socio-professionnelles Hommes Femmes n % Ouvriers et techniciens 477 88, 3 25 83, 3 cadres 63 11, 7 5 16, 7 UP (Production) 371 68, 6 14 46, 7 US (Service) 170 31, 4 16 53, 3 journée 224 41, 4 23 76, 7 postés 317 58, 6 7 23, 3 • Effectif total du secteur Packaging : 698 salariés • Enquête proposée à 572 salariés soit 81, 9% de l’effectif total • 23 refus • 549 salariés inclus : – 519 hommes (94, 5%) et 30 femmes (5, 5%) – ge moyen : 43, 6 ans – 41, 3% des salariés ont plus de 50 ans Statut socioprofessionnel Secteur d’activité Horaires p ns * ***

RESULTATS DONNES MEDICALES : Plaintes cliniques rapportées par les salariés • Prédominance des symptômes

RESULTATS DONNES MEDICALES : Plaintes cliniques rapportées par les salariés • Prédominance des symptômes neuropsychiques • Entraînent une gène dans le travail pour 46% des salariés rapportant ces symptômes • Troubles du sommeil plus fréquents : – Chez les salariés travaillant en horaires postés (31, 4% versus 21, 5%, p<0, 05) – Et pour les salariés avec un statut d’ouvriers ou de techniciens(29, 2% versus 13, 2%, p<0, 05) • Ont des niveaux de stress plus élevés pour les 3 échelles de l’EVA

RESULTATS QUESTIONNAIRE DE KARASEK : Répartition des salariés • • • 175 salariés (31,

RESULTATS QUESTIONNAIRE DE KARASEK : Répartition des salariés • • • 175 salariés (31, 9%) dits «passifs» 146 sujets (26, 6%) «détendus» 117 sujets (21, 5%) «actifs» (cadres) • 110 salariés (20, 0%) en situation de « Job Strain » • Ont des niveaux de stressentis professionnel et global significativement plus élevés « JOB STRAIN » p n % SEXE Femmes Hommes 5 105 16, 7 20, 2 ns AGE < 30 ans 30 -40 ans 40 -50 ans >50 ans 18 26 22 44 17, 5 26, 0 17, 6 20, 0 ns STATUT SOCIOPROFESSIONNEL Ouvriers et techniciens cadres 103 7 21, 5 10, 3 * SECTEURS D’ACTIVITE UP US 85 25 23, 0 14, 0 * HORAIRES DE TRAVAIL Horaires de journée Horaires postés 37 73 15, 9 23, 2 * p = seuil de significativité : *p< 0, 05, ns= non significatif

RESULTATS QUESTIONNAIRE DE SIEGRIST: Calcul du ratio efforts/récompenses SALARIES EN « DESEQUILIBRE » n

RESULTATS QUESTIONNAIRE DE SIEGRIST: Calcul du ratio efforts/récompenses SALARIES EN « DESEQUILIBRE » n % p • • • 503 salariés (91, 8%) ont un ratio <1 15 salariés (2, 7%) ont un ratio =1 94, 5% des salariés en situation d’équilibre SEXE Femmes Hommes 6 24 20, 0 4 , 6 ** AGE < 30 ans 30 -40 ans 40 -50 ans >50 ans 3 7 6 14 2, 9 7, 0 4, 8 6, 4 ns • 30 salariés (5, 5%) ont un ratio>1 = situation de déséquilibre STATUT SOCIOPROFESSIONNEL Ouvriers et techniciens Cadres 24 6 5, 0 8, 8 ns 21 9 5, 7 5, 1 ns 18 12 7, 7 3, 8 * • Niveaux de stress professionnel et global significativement plus élevés SECTEURS D’ACTIVITE UP US HORAIRES DE TRAVAIL Horaires de journée Horaires postés p = seuil de significativité : *p< 0, 05, ** p< 0, 01, ns= non significatif

RESULTATS Croisement des modèles de Karasek et de Siegrist • • 8 salariés à

RESULTATS Croisement des modèles de Karasek et de Siegrist • • 8 salariés à la fois en situation de «Job Strain» et en situation de «déséquilibre» Caractéristiques : – 7 hommes et 1 femmes – ge : <30 ans : 2 30 -40 ans : 2 40 -50 ans : 1 >50 ans : 3 – Statut : 7 ETAM et 1 cadre – Secteur d’activité : 6 travaillent au sein d’une UP – Horaires : 5 travaillent en horaires postés et 3 de journée JOB STRAIN DESEQUILIBRE Total NON OUI NON 416 102 518 OUI 22 8 30 438 110 548

RESULTATS Analyse multivariée des facteurs liés à la situation de « Job Strain »

RESULTATS Analyse multivariée des facteurs liés à la situation de « Job Strain » JOB STRAIN • • Tendance non significative de majoration du risque de «Job Strain» pour les ouvriers et les salariés travaillant en horaires postés Salariés des US moins exposés vis-àvis de ce risque OR Intervalle de confiance p Sexe Hommes Femmes 1 0, 99 0, 36 - 2, 74 0, 996 Classes d’âge <30 ans 30 -40 ans 40 -50 ans >50 ans 1 1, 87 1, 15 1, 36 0, 94 - 3, 73 0, 57 - 2, 31 0, 73 – 2, 54 0, 073 0, 678 0, 330 Statut socioprofessionnel Cadres Ouvriers 1 1, 72 0, 70 – 4, 18 0, 231 Secteur d’activité UP US 1 0, 65 0, 39 – 1, 09 0, 107 Horaires de travail Travail de journée Travail posté 1 1, 40 0, 86 – 2, 28 0, 174

RESULTATS Analyse multivariée des facteurs liés à la situation de « déséquilibre » Intervalle

RESULTATS Analyse multivariée des facteurs liés à la situation de « déséquilibre » Intervalle de confiance p 4, 52 1, 61 – 12, 65 0, 004 Classes d’âge <30 ans 30 -40 ans 40 -50 ans >50 ans 1 1, 93 1, 54 1, 58 0, 46 – 8, 05 0, 36 – 6, 45 0, 42 – 5, 88 0, 365 0, 554 0, 493 Statut socioprofessionnel Cadres Ouvriers 1 0, 73 0, 25 – 2, 08 0, 557 Horaires de travail Travail de journée Travail posté 1 0, 68 0, 29 – 1, 63 0, 398 « DESEQUILIBRE » • • Les femmes ont 4, 52 fois plus de risque d’être en situation de «déséquilibre» que les hommes Pas d’influence des caractéristiques socio-professionnelles sur le risque d’être en situation de «déséquilibre» Sexe Hommes Femmes OR 1

RESULTATS FATIGUE et/ou ANXIETE • Analyse multivariée des facteurs liés aux symptômes de fatigue

RESULTATS FATIGUE et/ou ANXIETE • Analyse multivariée des facteurs liés aux symptômes de fatigue et/ou d’anxiété Modèle 1 OR Sexe Hommes Femmes 1 Classes d’âge <30 ans 30 -40 ans 40 -50 ans >50 ans 1 1, 20 1, 51 Job Strain Non tendus Tendus 1 Déséquilibre Non Oui _ 2, 08 1, 80 1, 77 Modèle 2 Intervalle de confiance 0, 96 -4, 52 p OR 0, 06 1 1, 70 0, 68 -2, 13 0, 88 -2, 58 1, 11 -2, 93 0, 52 0, 13 0, 01 1, 15 -2, 71 0, 008 _ _ Modèle 3 Intervalle de confiance p 0, 18 1 1, 75 1, 07 -2, 87 0, 16 1, 77 0, 67 -2, 13 0, 85 -2, 52 1, 08 -2, 89 0, 52 0, 16 0, 02 1 1, 14 1, 47 1, 75 0, 64 -2, 05 0, 85 -2, 53 1, 07 -2, 87 0, 64 0, 16 0, 02 _ _ _ 1 1, 12 -2, 67 0, 01 1, 89 -12, 00 0, 0009 1, 84 -11, 70 0, 001 1 1, 20 1, 46 1 4, 77 Intervalle de confiance 0, 76 -3, 77 p OR 1, 73 1 4, 64 Les situations de «Job Strain» et/ou de «déséquilibre» apparaissent comme significativement liées à la présence de ces symptômes

RESULTATS Analyse multivariée des facteurs liés aux troubles du sommeil TROUBLES DU SOMMEIL Modèle

RESULTATS Analyse multivariée des facteurs liés aux troubles du sommeil TROUBLES DU SOMMEIL Modèle 1 OR • Sexe Hommes Femmes 1 1, 45 Classes d’âge <30 ans 30 -40 ans 40 -50 ans >50 ans 1 1, 27 1, 74 1, 60 Job Strain Non tendus Tendus 1 Déséquilibre Non Oui _ Horaires de travail Journée Posté 1 2, 13 1, 78 Modèle 2 Intervalle de confiance p OR 0, 62 -3, 35 0, 38 1 1, 34 0, 65 -2, 46 0, 94 -3, 22 0, 90 -2, 84 0, 47 0, 07 0, 10 1 1, 37 1, 75 1, 65 1, 36 -3, 34 0, 0009 _ 1, 17 -2, 71 _ 0, 006 Modèle 3 Intervalle de confiance p OR 0, 58 -3, 12 0, 48 0, 71 -2, 63 0, 95 -3, 23 0, 93 -2, 92 _ 1 1, 43 1 1, 91 Intervalle de confiance p 1 1, 38 0, 59 -2, 24 0, 44 0, 34 0, 07 0, 08 1 1, 26 1, 74 1, 59 0, 65 -2, 45 0, 93 -3, 22 0, 89 -2, 84 0, 48 0, 07 0, 11 _ _ 1 2, 12 1, 35 -3, 31 0, 001 0, 64 -3, 20 0, 382 1 1, 35 0, 59 -3, 05 0, 47 1, 18 -2, 74 0, 005 1, 26 -2, 89 0, 002 1 1, 80 Augmentation du risque de présenter des troubles du sommeil pour les salariés en «Job Strain» et/ou en situation de «déséquilibre» , et/ou travaillant en horaires postés

DISCUSSION : Représentativité de l’échantillon • Taux de participation élevé : importance de l’implication

DISCUSSION : Représentativité de l’échantillon • Taux de participation élevé : importance de l’implication des membres du CHSCT et de la direction – Nécessaire à l’appropriation des résultats par l’entreprise • • Soutien méthodologique du LEST : évaluation externe à l’entreprise Salariés non interrogés : – Non vus en visite périodique durant la période de l’étude : manque de temps médical ou absence (congés, arrêts maladie) – Salariés avec moins de 12 mois d’ancienneté dans l’entreprise non inclus • • Faible représentativité des femmes Enquête transversale : ne permet pas de conclure à l’existence de liens causaux Non prise en compte d’événements de vie personnels stressants Aspect prédictif du stress professionnel sur la santé perçue non démontré ici

DISCUSSION : Comparaison des résultats SUMER 2003 • • • Pourcentage de salariés en

DISCUSSION : Comparaison des résultats SUMER 2003 • • • Pourcentage de salariés en situation de «Job Strain» : 23% 28% des femmes contre 20% des hommes 58% des cadres en situation de travail «active» Les postes les moins qualifiés apparaissent comme plus exposés aux conditions psychosociales au travail les plus difficiles Parmi les métiers les plus exposés au «Job Strain» : les ouvriers non qualifiés des industries de process (40%) EVREST 2007 -08 • • Pour EVREST Lorraine 2007 -08 : – Fatigue : 21, 9% des salariés – Anxiété : 20, 2% – Troubles du sommeil : 18, 1% – Gène dans le travail : 8, 2% Nette prédominance des plaintes neuropsychiques dans notre population Hypothèses : – Pénibilité des tâches – Conditions de travail : travail posté Doivent être considérés comme des indicateurs de stress

DISCUSSION : Perspectives d’actions • Recours à une échelle de santé mentale (GHQ ou

DISCUSSION : Perspectives d’actions • Recours à une échelle de santé mentale (GHQ ou CES-D) : – Identifier les situations de mal-être et les salariés en souffrance – Repérer plus spécifiquement les salariés en difficulté, et surtout ceux qui sont à la fois en situation de «Job Strain» et de «déséquilibre» afin de les prendre en charge • Intérêt des visites occasionnelles : – Peuvent être demandées soit par les salariés, soit par les managers qui auraient pu repérer des difficultés – Moment privilégié de discussion avec le médecin du travail, orientation et suivi de la personne en difficulté • Revoir l’organisation du travail et en particulier les prises de poste très tôt (4 ou 5 h du matin) • Profonds bouleversements au sein de l’entreprise depuis la fin de l’année 2008 dans le contexte actuel de crise économique – Arrêt des hauts fourneaux, chômage partiel, départs en retraite anticipés… – Modifications importantes des conditions de travail et incertitude des salariés par rapport à leur avenir professionnel sources de stress – Renouvellement de l’enquête pour un nouvel état des lieux : réajuster la démarche de prévention si besoin

CONCLUSION • • • Pourcentage des salariés en situation de «Job Strain» comparable aux

CONCLUSION • • • Pourcentage des salariés en situation de «Job Strain» comparable aux références nationales disponibles (SUMER 2003) Faible pourcentage de salariés en situation de «déséquilibre» Liens étroits entre catégories socio-professionnelles et facteurs psychosociaux au travail Impact des contraintes au travail, et en particulier du travail posté, sur la santé des salariés Prédominance des symptômes neuro-psychiques à ne pas négliger L’usage de questionnaire doit être réservé à l’étape diagnostic Restitution des résultats à l’entreprise prévue en novembre 2009 Doivent être traduits en plans de prévention Objectif à terme : intégrer la prévention du stress dans la démarche de prévention des risques professionnels et l’inclure dans le document unique

MERCI DE VOTRE ATTENTION

MERCI DE VOTRE ATTENTION

Modèle de Karasek : demande-autonomie-soutien • Analyse réalisée sur 3 axes : – La

Modèle de Karasek : demande-autonomie-soutien • Analyse réalisée sur 3 axes : – La demande psychologique – La latitude décisionnelle – Le soutien social • L’association d’une forte demande psychologique et d’une faible latitude décisionnelle (= « Job Strain » ) représente un risque pour la santé physique et psychique • Version validée en français* comportant 26 items • Pour chaque items, 4 réponses possibles cotées de 1 à 4 et permettant de calculer un score • Puis calcul de la valeur de la médiane de chacun des scores * Larocque B, Brisson C, Blanchette C et al. 1998 JOB STRAIN

Modèle de Siegrist : déséquilibre efforts/récompenses • Version validée en français et simplifiée de

Modèle de Siegrist : déséquilibre efforts/récompenses • Version validée en français et simplifiée de 23 items* • Le niveau d’effort correspond aux demandes et obligations liées au travail • Le niveau de récompense correspond au niveau de salaires, au niveau d’estime perçu, aux perspectives de promotions et à la sécurité d’emploi • • Calcul du ratio efforts/récompenses Situation à risque : ratio>1 = déséquilibre entre les efforts extrinsèques et les récompenses *Niedhammer I, Siegrist J, Landre MF et al. 2000