Apprendre parler lcole maternelle oui mais quelles conditions
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Apprendre à parler à l’école (maternelle) : oui mais à quelles conditions ? Véronique Boiron IUFM d’Aquitaine, Bordeaux 4
• Introduction I- Langage de la maison/langage de l’école : des ruptures à risques mais nécessaires II- Parler-penser à l’école III- Quelles conditions ? IV- Du corpus, du corpus ! • Conclusion • Bibliographie
Entrée en matière • Le langage oral est devenu une des priorités dans les programmes. Il s’agit de : - développer le langage de chaque enfant (inégalités importantes) = langage à l’école - enseigner/apprendre le langage des apprentissages, le langage disciplinaire = le langage de l’école
Entrée en matière La question de l’efficacité de son enseignement se pose toujours (dispositifs, activités, évaluations). Et les réponses apportées ne sont pas toujours à la hauteur… - un mot nouveau par jour (Bentolila) ? - Répéter, réciter, mémoriser (IO 2008) ? - Le bain de langage ? - Communiquer ? >> Confusions entre langue et langage (activité langagière singulière)
Entrée en matière • L’activité langagière, en tant qu’objet d’apprentissage, a pratiquement disparu des pratiques enseignantes. • Or, on le sait, cet apprentissage est une des clés de la réussite scolaire. • Le rôle du langage est indissociable des apprentissages et du développement de la pensée.
Entrée en matière • La société actuelle privilégie l’écrit. • Depuis les années 70, l’écrit prédomine dans les textes et les pratiques et ce, au détriment de l’oral. • Les textes de 2008 focalisent sur la construction du système alphabétique (maternelle), – au détriment de l’activité discursive – sans référer à l’activité réflexive. • Inégalités très fortes entre enfants à l’entrée en maternelle : quelle médiation des maîtres ?
Entrée en matière • Les véritables enjeux sont : - assurer le développement de la pensée dans un mouvement collectif et avec des modalités qui permettent l’émergence du singulier - comprendre l’école, ses pratiques, ses outils, son langage >> éviter la connivence culturelle - apprendre à l’école : dépasser les expériences de la vie quotidienne, construire des savoirs disciplinarisés, etc. Une aventure à haut risque
Entrée en matière La question des ruptures et du processus de scolarisation à l’école maternelle : quels enjeux ? - Langage de la maison/ langage de l’école et des apprentissages ( « fais un dessin » ) - Objets de la maison (vélo)/ outils de l’école (schéma rouages du vélo) - Pratiques quotidiennes et familiales/ pratiques scolaires (lire un album ; faire du vélo)
I- Langage de la maison/langage de l’école : des ruptures à risques mais des ruptures nécessaires
I- Langage de la maison/de l’école • Entrer à l’école maternelle, c’est être confronté à des ruptures : - culturelles (Au bain !) - langagières (ne pas parler de soi…) Entrer à l’école maternelle, c’est être confronté à - des pratiques (attendre son tour parler) - des usages du langage - des outils totalement inconnus et incompréhensibles en dehors du langage du maitre !
I- Langage de la maison/de l’école Des objets, des lieux étranges et/ou opaques : - La colle, la peinture, les vélos, les albums - La cour, le dortoir, la cantine, les toilettes, les coins-jeux, le coin-regroupement (tapis, affichages, calendrier, etc), la salle de motricité, les couloirs…
I- Langage de la maison/de l’école • Lorsque le maitre donne un cerceau à l’enfant, il donne un cerceau à l’élève. Cet élève, le maitre en a construit des représentations et des attentes selon son développement, son âge, son sexe, les capacités à apprendre qu’il lui prête. • Lorsque le maitre demande à l’élève de faire du vélo, il a l’intention de lui apprendre ou d’évaluer sa capacité à tenir l’équilibre, à manœuvrer dans le sens indiqué (droite/gauche). Il ne le félicite « pas » de savoir faire du vélo : il attend qu’il fasse du vélo en respectant les consignes.
• Des pratiques étranges et/ou opaques : - attendre sur un tapis attendre pour parler chanter sur commande répéter tous les jours la même chose manger des choses « bizarres » voir ses « œuvres » au mur jouer sur commande donner des « mauvaises » ou « bonnes » réponses sans comprendre pourquoi - Dire qui n’est pas là - faire pipi devant tout le monde - regarder des choses « inintéressantes » (poissons, plantes, livres, eau/glace…)
I- Langage de la maison/de l’école • Lorsque le maitre demande à l’élève de faire une peinture, il lui donne une consigne qui scolarise l’activité « faire de la peinture » . • Lorsque le maitre laisse l’élève faire « librement » un dessin, il lui demande ce qu’il a dessiné et écrit la réponse de l’enfant sous le dessin… • Le problème c’est que les élèves DEVINENT ce que les maitres veulent dire, attendent, espèrent… « Faire de la peinture » : des différences maitre/élèves Deviner n’est pas une activité intellectuelle… REconnaître, oui !
I- Langage de la maison/de l’école • - Des usages du langage étranges ou opaques « faire de la peinture/de la grammaire » Prendre son cahier rouge Décrire ce qu’on voit par la fenêtre de sa chambre - « je veux voir tous les yeux posés sur moi » - « Pomme de reinette et pomme d’api, tapis gris ! / Alors, on va refaire les ateliers d’hier »
Des mots pour travailler : - dessiner/tracer/écrire/copier - Lire/raconter - Compter/coller Des mots dans des consignes : quelle tâche/activité ? « Je vais vous donner 5 étiquettes et avec ça je voudrais que vous écriviez une histoire. Voilà les étiquettes (la M les montre une à une) « papillon » , « fleur » , « la » , « le » , « aime » . Attention on ne les met pas n’importe comment, il faut que ça fasse une petite histoire. Avant de coller vous m’appelez. »
I- Langage de la maison/de l’école • Il s’agit de scolariser les pratiques, les usages d’objets mobilisés par l’école que l’école transforme en outils pour réfléchir, comprendre, questionner, planifier… • faire un gâteau à la maison/à l’école • jouer avec l’eau à la maison/ « jouer » à l’école • dessiner un bonhomme à la maison/à l’école
I- Langage de la maison/de l’école • Le développement d’un langage “élaboré” (qui n’est ni familier ni quotidien) relève d’un apprentissage. • Les maitres ont donc un rôle fondamental à jouer dans le développement langagier et intellectuel de TOUS les élèves !
I- Langage de la maison/de l’école • A travers ses pratiques, ses usages, ses objets, ses outils, l’école construit un rapport au monde différent de celui qui caractérise la vie quotidienne des enfants… et des adultes ! • Les pratiques langagières de l’école requièrent - ET participent - de savoir mettre à distance les objets, les pratiques de la vie quotidienne. >> Ruptures des pratiques caractéristiques des milieux populaires L’école : un lieu de co-existence des valeurs, des pratiques culturelles, langagières ?
I- Langage de la maison/de l’école • Des ruptures maison/école sont nécessaires au développement mais elles doivent être aménagées et progressives. . . Au risque d’être inopérantes. • Il s’agit bien d’entrer dans un nouveau monde où les savoirs et savoir-faire sont à repenser (reconfigurer) et où la plupart sont à apprendre (apprendre des choses sans lien avec le quotidien qui ne “servent” pas : pour quoi faire ? ).
II- Parler-penser à l’école
II- Parler-penser à l’école • À l’école, il ne suffit pas de savoir : il faut montrer que l’on sait ! • À l’école, montrer que l’on sait, c’est mettre en forme par le langage : c’est DIRE (plus que parler) en prenant en charge son propre discours. • À l’école, il s’agit de s’approprier des pratiques langagières telles que « parler des livres qu’on n’a pas lus » (Cf. Pierre Bayard)
II- Parler-penser à l’école • Il faut y apprendre à se détacher du “faire” pour agir par le langage, les discours (convaincre, comprendre, justifier, expliquer, argumenter, comparer et changer de point de vue, etc). … L’école est indispensable pour développer les concepts (activités langagières (intellectuelles)
II- Parler-penser à l’école • L’école construit les discours sur les objets, les savoir faire… • L’école mobilise un langage qui intellectualise le rapport au monde : réfléchir, questionner, interroger, argumenter, savoir qu’on sait et ce que l’on ne sait pas, justifier, comprendre, construire des points de vue, construire des postures (de chercheur, de lecteur expert, d’auteur…). Oui mais… (comment) est-ce possible ?
II- Parler-penser à l’école La classe est un lieu unique pour apprendre à parlerpenser, comprendre, réfléchir, savoir, questionner… A l’école, ces expériences langagières et intellectuelles se développent autour de 3 axes : a) L’expertise du maitre ; b) Le groupe-classe : un groupe de pairs et un adulte expert ; c) Le rôle du langage. = La classe et pas d’autres lieux…
Parler-penser à l’école : le 1 er axe c’est l’expertise du maitre Choix des objets, des activités, des dispositifs didactiques, des types d’interaction… - Le maître est « tuteur de langage » : phrases courtes, intonations très marquées, débit ralenti, reformulations, développements, commentaires, ajouts… - Le maître assure la « clarté cognitive » : parle les activités et les apprentissages scolaires - Le maître assure la SCOLARISATION des objets, usages, pratiques, activités
Parler-penser à l’école : le 2ème axe les pairs, le maitre et moi - Interactions langagières collectives, duelles, confrontation des points de vue… - Construction de pratiques sociales, de pratiques langagières et de pratiques culturelles - Mutualisation des savoirs et savoir-faire en jeu dans le processus d’intériorisation en construction : élaboration du langage intérieur pour TOUS les élèves = du collectif, du collectif !!
Parler-penser à l’école : le 3ème axe, c’est le rôle du langage Construction d’outils de compréhension Le langage du maître assure la progression des échanges, le développement de la pensée, amène les élèves à aller au-delà de leur aptitude et, ce faisant assure le développement du langage et de la pensée de l’enfant : - reformulations, commentaires, développements, ajouts = partir du discours et le faire sien POUR… - questions qui convoquent la pensée, l’activité intellectuelle : penser, expliquer, comprendre, croire, savoir…
III- Quelles conditions ?
III- Quelles conditions ? Deux questions concernent les aides aux élèves et aux maîtres : • Comment peut-on aider les élèves qui, dès l’entrée à l’école maternelle, se trouvent en grande difficulté par rapport aux usages spécifiques du langage de l’école et des apprentissages scolaires
III- Quelles conditions ? • Comment peut-on aider les maitres à considérer le rôle fondamental qu’ils jouent dans le développement langagier et intellectuel de TOUS les élèves ? …Sans les maitres, pas d’apprentissages scolaires !
III- Quelles conditions ? Le langage du maitre, un langage expert : - Le maitre donne à entendre aux élèves sa propre activité intellectuelle (ce qu’il comprend et comment il le comprend) - Le maitre dit ce qu’il sait, explique - Le maitre explicite ses propres procédures (comment il fait pour) >> Est-ce qu’on peut trop aider un élève ?
III- Quelles conditions ? • Le langage du maitre n’est pas un « moyen » de savoir, évaluer ce que les élèves savent (déjà) c’est un outil intellectuel phénoménal qui permet aux élèves de construire la compréhension, la cohérence, de réfléchir, de douter… • En littérature, une question du maitre qui porte sur un implicite permet aux élèves d’entrer en langage, de convoquer leur activité intellectuelle = le langage du maitre, une (redoutable) machine à penser
III- Quelles conditions ? • • Des groupes réduits Des ateliers très réguliers Parler avec Des supports Le langage du maitre Des rituels culturels Des scénarios d’expérience prendre le train, aller à la piscine, faire un compte-rendu de visite, raconter une histoire…) • Le langage des apprentissages, disciplinaire
III- Du corpus, du corpus
Petite Section : tentative de récit d’une visite dans un parc animalier MAIT à classe : où est-ce qu’on a été ? // qu’est-ce qu’on a fait ? Kévin à MAIT : on a été voir les animaux MAIT : où ? Sarah à MAIT : dans le bois Nicolas : on n’a pas été… Mathieu à MAIT : (en coupant la parole) : l’autruche ça mord ! MAIT : on a été dans le bois oui // mais dites-moi ! C’est loin ! Eli à MAIT : (en faisant la grimace) : y’avait un porc MAIT : comment est-on … Audrey à MAIT : (en coupant la parole) : en car MAIT à Audrey : Alors Audrey ? Audrey : on y a été en car MAIT à Audrey : on y est allé en car oui (à la classe) et qu’est-ce qu’on a fait Mathieu à MAIT : en car MAIT : qu’est-ce qu’on a fait en arrivant ?
Moyenne section : le calendrier un « jeu » de devinettes ? Les enfants découvrent « un petit sapin » dans la classe Clément 1: c’est un sapin d’Noël / c’est un sapin d’Noël Alexandre 1: mais c’est pas un vrai hein ! MAIT : ah c’est pas un vrai ? / alors ? Gabrielle 1: y’a des p’tits nœuds / y’a des p’tits paquets Marc 1: oui/mais dedans /dedans les p’tits paquets y’a des dragées MAIT 2 : à quoi ça peut servir ? Marc 2 : à Noël MAIT 3 : mais quoi encore ? / alors il va falloir que vous trouviez Marc 3 : ben on le mettra dehors MAIT 4 : chut / il faut que vous trouviez: : que vous trouviez pourquoi estce qu’on a apporté ce sapin dans la classe/ comment on va l’utiliser ? Clément 2 : ben quand ça s’ra Noël / pour décorer la classe quand ça s’ra Noël
MAIT 4 : s’il te plait Clément je voudrais que tu lèves la main pour prendre la parole et ensuite que tu laisses un peu réfléchir les copains/ d’accord ? / alors Justin qu’on n’a pas entendu Justin 1 : les paquets j’ crois qu’ c’est pour servir de numéro MAIT 6 : les paquets ça sert de numéros / tu as vu des numéros sur ce sapin ? Marc 4 : ben oui // pasque en dessous des paquets y’a des numéros Stéphane 1 : c’est un sapin d’Noël pour dire combien y’a de choses dans les p’tits paquets MAIT 7 : non / ça va être pour dire : : // vous voyez c’est comme un calendrier / ce calendrier là est-ce que vous savez son nom ? Enf : non Clément 3 : c’est le calendrier d’ Noël Plusieurs enfants : c’est l’ calendrier d’Noël
MAIT 8 : il a un nom particulier / il s’appelle le calendrier de… Plusieurs enfants : Noël !! MAIT 9 : l’Avent / le calendrier de l’Avent / ce sont les jours qui sont avant Noël / d’accord ? Vous avez tous un calendrier comme ça à la maison / et y’a des p’tits paquets pour quoi faire ? Alexandre 2 : à ouvrir Margaux 1 : j’ai pas un calendrier à la maison MAIT 10 : à l’intérieur effectivement … Thomas 1 : y’a une surprise ! Marc 5 : faut pas l’ dire ! Faut pas l’ dire ! Margaux 2 : j’ai pas un calendrier à la maison Maxence 1 : c’est moi qui vais commencer à l’ouvrir Marc 6 : non moi j’suis pas d’accord !
BAUTIER Elisabeth (2006). Apprendre à l’école, apprendre l’école, éd. Chronique sociale. BOIRON Véronique (2006). Blé 91, n° 38 BONNERY Stéphane (2007). Comprendre l’échec scolaire, éd. La Dispute. BRUNER Jerome (1996). Léducation, entrée dans la culture, Retz. HALTE jean-François, RISPAIL Marielle (2005). L’oral dans la classe, L’Harmattan. HOGGART Richard (1957). La culture du pauvre, éd. de Minuit. KARMILOFF K. , (2003). Comment les enfants entrent dans le langage, Retz. PICQ Pascal, SAGART Laurent, DEHAENE G. , (2008). La plus belle histoire du langage, Seuil. RABATEL Alain (2004). Interactions orales en contexte didactique, PUL. Revue CAHIERS PEDAGOGIQUES, 2002, n° 400 « Oser l’oral »
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