Acadmie de Toulouse circonscription de Muret Confrence mercredi

Académie de Toulouse, circonscription de Muret Conférence – mercredi 23 novembre 2016 Construire une relation d’autorité éducative. Conditions d’un climat scolaire favorable à la réussite des élèves Bruno ROBBES Maître de conférences en Sciences de l’éducation Université de Cergy-Pontoise ESPE de l’académie de Versailles Laboratoire EMA (Ecole, Mutations, Apprentissages) EA 4507

Deux situations n Un regard comme une promesse, in Robbes, B. (2010). L’autorité éducative dans la classe. Douze situations pour apprendre à l’exercer. Paris : ESF, pp. 125 -127. n Triangle à trois voix, in Galand, B. (coord. ) (2009). Les sanctions à l’école et ailleurs. Serrer la vis ou changer d’outils ? Bruxelles : éditions couleur livres (Changements pour l’Egalité – mouvement sociopédagogique), pp. 8890.

n Coexistence de plusieurs discours sur (et pratiques de) l’autorité. Définir ce dont on parle lorsqu’on emploie le terme d’autorité Trop souvent encore, l’autorité est confondue avec un pouvoir de contrainte, associée à un recours possible à la force.

Autorité autoritariste (1) n n Le détenteur d’une fonction statutaire, d’une position institutionnelle exerce une domination sur l’autre afin d’obtenir de lui une obéissance inconditionnelle, sous la forme d’une soumission. Avec des élèves porteurs de troubles du comportement, un face-à-face tournant au rapport de force en l’absence de possibilité d’expression par la parole, où le risque d’un passage à l’acte violent est maximal de part et d’autre.

Autorité autoritariste (2) Rapports entre apprentissages, savoir et exercice de l’autorité n L’accès d’un élève au savoir véritable ne peut que passer par « des preuves tirées de l’expérience et de la raison » de l’élève lui-même (Rey, 2004, p. 116). n L’autorité de l’enseignant « devient un obstacle à l’apprentissage dès lors que l’élève s’y soumet totalement, un certain nombre de difficultés scolaires s’expliquant par la confusion opérée entre l’assujettissement à la situation et la soumission à l’autorité du maître » (Marchive, 2005, p. 191).

Autorité autoritariste (3) n L’exercice d’une « autorité autoritariste » nous apparaît comme l’une des causes endogènes de très nombreuses situations critiques de la relation d’enseignement, tout particulièrement avec des élèves aux comportements troublés (Robbes & Afgoustidis, 2016).

Autorité évacuée (1) n Tendance à refuser l’idée même d’autorité et de son exercice, au nom de son caractère prétendument illégitime et anti-éducatif. L’autorité évacuée se manifeste par : n l’absence d’intervention lors d’incidents entre élèves ; n le refus d’aller au terme du règlement d’un conflit ; n l’exclusion de classe ou d’établissement.

Autorité évacuée (2) n Dans les situations d’enseignement/apprentissage, l’exercice d’une autorité évacuée se manifeste chaque fois que la relation entre l’élève et le savoir est court-circuitée ou interrompue.

Parler d’autorité à propos de ces deux conceptions n’est qu’un artifice de langage. n n L’ « autorité » autoritariste est abus de pouvoir. L’ « autorité » évacuée est déficit d’exercice de l’autorité.

« Autorité » autoritariste et « autorité » évacuée… se traduisent par l’abandon de la relation éducative… L’enjeu de l’autorité éducative : maintenir quoiqu’il arrive la relation d’éducation

Une posture première de l’éducateur n n Désirer être là. Avoir la conviction de l’éducabilité de l’enfant, du jeune. Faire preuve de « bonneveillance » (Marcelli, 2003). Être à l’initiative du respect de l’enfant, du jeune, sans condition préalable.

La formation de l’éducateur tout au long de sa vie professionnelle n n Travailler les façons d’influencer celui sur lequel on exerce son autorité, sans le soumettre mais en obtenant son consentement à obéir, par le développement d’autres savoirs d’action possibles. Clarifier son propre rapport au cadre éducatif, au savoir et à l’autorité.

Modifier ses représentations de l’autorité afin d’appréhender ce qu’est l’autorité éducative. Relever le défi auxquels les métiers d’éducation sont aujourd’hui confrontés : la capacité à tenir leur place de garants de la loi symbolique, dans sa double dimension éducative et limitante.

Fondements de l’autorité éducative (1) n n n L’autorité n’est pas un « mal nécessaire » de la relation humaine. Elle est un fait institutionnel et une relation qui se construit dans et par l’action. Elle est un lien anthropologique consubstantiel de l’existence de l’espèce, fondatrice de l’humanisation, principe régulateur du lien social (Marcelli, 2003 ; Blais, Gauchet et Ottavi, 2008 ; Prairat, 2009).

Fondements de l’autorité éducative (2) n L’autorité a pour fonction d’assurer la continuité générationnelle, de donner à l’enfant, au jeune, des clés d’entrée dans le monde déjà là.

Fondements de l’autorité éducative (3) n n Un phénomène personnel : elle est une responsabilité qui ne se délègue pas. Un phénomène relationnel : elle n’existe pas « en soi » .

Significations de l’autorité éducative Une triple signification indissociable : n n n Etre l’autorité (autorité légale, statutaire – potestas) l’autorité Avoir de l’autorité (autorité de l’auteur – auctor – qui autorité s’autorise et autorise l’autre – augere) Faire autorité (autorité de capacité et de compétence) autorité

Être l’autorité : l’autorité statutaire La dimension statutaire (asymétrique) de l’autorité est une statutaire condition nécessaire à son exercice, mais non suffisante. n n Elle pose le non négociable de ma place générationnelle (adulte/enfant ou jeune). Elle pose le non négociable de ma fonction institutionnelle (enseignant/élève).

Formulations possibles du non négociable n Interdit d’inceste : « ici, je ne suis n Interdit de meurtre (de violence) : « ici, on n l’enseignant d’aucun élève en particulier, mais celui de tous les élèves » . échange, mais pas n’importe comment. On est entre êtres humains et on est là pour vivre ensemble » . Interdit de parasitage et fonction institutionnelle : « ici, c’est une classe. Le professeur enseigne et l’élève apprend » .

Avoir de l’autorité : l’autorité de l’auteur, qui s’autorise et autorise l’autre (1) n n La personne qui a de l’autorité est d’abord celle qui, par l’acquisition de compétences, de savoirs, conquiert la capacité d’être son propre auteur, c’est-à-dire de s'autoriser à accéder à la responsabilité personnelle, à l’autonomie sur sa propre vie dans ses relations aux autres. Confiance suffisante en soi (Robbes, 2016).

Avoir de l’autorité : l’autorité de l’auteur, qui s’autorise et autorise l’autre (2) L’augere : n n L’auctor (le professeur) accepte de se confronter à l’élève avec son savoir et ses manques, sans être déstabilisé par le moindre de ses agissements, en ayant le souci de l’aider à poser des actes lui permettant d’essayer d’être à son tour auteur de lui-même. L’éducation, « une relation dissymétrique nécessaire et provisoire, visant à l’émergence d’un sujet » (Meirieu, non daté, p. 2)

Faire autorité : l’autorité, capacité fonctionnelle Le « comment ? » , le « faire » , c’est-à-dire : les savoirs d’actions (Robbes, 2010), les gestes professionnels (Bucheton, 2009 ; Ria, 2010) que le professeur mobilise dans sa pratique de l’autorité. n Le « faire » autorité s’exerce dans deux domaines : n n Les savoirs en terme de communication. Les savoirs en terme de dispositifs pédagogiques et didactiques, d’organisation interne.

Climat scolaire (1) n Le climat scolaire se rapporte à la qualité et aux caractéristiques de la vie scolaire perçues par la communauté éducative. Le climat scolaire intègre des dimensions relatives aux relation interpersonnelles, aux pratiques d’enseignement et d’apprentissage, au sentiment de sécurité, à l’environnement physique et au sentiment d’appartenance (Cohen et al. , 2009).

Climat scolaire (2) Le climat relationnel permet de connaître la perception qu'ont les élèves de la qualité des relations entre pairs, entre écoliers et enseignants et entre élèves et autres adultes de l'école. n Le climat relatif au règlement prend la mesure de la connaissance et de la reconnaissance du règlement (d'école et de classe), de son application et de la part prise par les élèves à son élaboration. n Le climat éducatif repose sur la place donnée aux sanctions négatives, que ce soit au niveau des comportements ou des résultats scolaires et sur la perception qu'ont les élèves du type de relations instaurées par les enseignants, en termes d'égalité de traitement. n

Climat scolaire (3) n n Le climat de justice est étroitement lié au climat éducatif en ce sens où il permet de savoir si les élèves estiment être traités personnellement avec justice tant sur le plan des sanctions relatives au comportement qu'à celui des évaluations scolaires. Le climat de travail permet d'appréhender à la fois l'estimation qu'ont les élèves de leur valeur scolaire et leur perception du rapport des enseignants à leur travail (Carra, 2009).

GROUPE ACADÉMIQUE CLIMAT SCOLAIRE • Garantir un climat scolaire serein constitue la condition première de la réussite des élèves dans leurs apprentissages, c’est également offrir aux personnels des écoles et des établissements un environnement apaisé propice à l’exercice de leurs missions. èAxe majeur du projet académique èSensibilisation des équipes d’école (axe des projets d’école) èDémarche à construire

Le défi ? … Implanter des pratiques dans le quotidien

La démarche Phase 1 Phase 2 Phase 3 • Une approche systémique et collective • 7 facteurs • Interroger pratiques, postures et fonctionnement • Partager enjeux et modalités de la démarche avec l’ensemble de la communauté scolaire • Appui sur conseil d’école et conseil des maîtres • Autodiagnostic • Mise en place d’un plan d’actions

Des outils • guide «AGIR SUR LE CLIMAT SCOLAIRE A L’ECOLE PRIMAIRE » • https: //www. reseaucanope. fr/climatscolaire/comprendre. html